Pierre Comon, ERC Advanced Grant 2012
Le projet ERC de Pierre Comon, chercheur CNRS au sein du laboratoire Grenoble Image, Parole, Signal, Automatique (GIPSA-lab - CNRS/Grenoble INP/Université Grenoble Alpes), porte sur les méthodes tensorielles pour la science des données, et leurs applications à la santé et l’environnement.
Le projet ERC Advanced Grant (2012) DECODA Tensor Decompositions for Data Analysis de Pierre Comon est consacré au développement de méthodes tensorielles pour la science des données, et leurs applications à la santé et l’environnement. Elles se différencient des techniques plus classiques par le fait qu’elles sont déterministes. Ce type d’approche comporte plusieurs avantages, dont le fait de pouvoir fonctionner avec des durées d’observation courtes, ou le fait de pouvoir identifier des modèles multi-linéaires. En revanche, leurs inconvénients résident dans le fait que les bases théoriques sont encore très incomplètes en raison de plusieurs problèmes ouverts, ce que le projet tentera de combler.
Parallèlement, trois grandes familles d’applications sont envisagées. Tout d’abord le traitement d’antenne en général, ce qui inclut en particulier la géophysique, la glaciologie, la sismique, ou les télécommunications, lorsque les mesures sont effectuées sur plusieurs capteurs en fonction du temps, et qu’une troisième dimension est présente de façon explicite ou sous-jacente. Ensuite le domaine de la santé sous diverses formes, telles que l’électroencéphalographie, la magnétoencéphalographie, ou l’électrocardiographie, entre autres. En effet, l’amélioration des algorithmes de traitement des signaux peut permettre des diagnostics plus précis, qui pourraient éviter des mesures invasives par exemple dans le cas de l’épilepsie ou de la maladie d’Alzheimer. Enfin, l’environnement joue un rôle privilégié et exploratoire dans le projet. On peut citer la surveillance de la qualité de l’eau potable ou la détection des réserves d’eau. Dans un contexte polarimétrique, les décompositions tensorielles peuvent fournir un gain considérable pour la classification de surfaces en imagerie multispectrale ou radar (télédétection). La spectrométrie fluorescente permet de dépister la présence de certains hydrocarbures aromatiques polycycliques, très toxiques même à de très faibles concentrations dans l’eau. Ensuite, les techniques tensorielles d’analyse de données pourraient être utilisées en électrophorèse, analyse permettant de séparer les molécules, avec des applications potentielles en agro-alimentaire. Enfin, dans le domaine de l’agriculture, ces techniques d’analyse de données pourraient renforcer les études de la diversité microbienne dans la terre, et contribuer à prouver leur rôle fondamental dans la fertilité des sols.
Biographie
Pierre Comon est directeur de recherche CNRS. Après une année au laboratoire ISL de Stanford (EU), il exerce 13 ans dans l’industrie (Thomsom/Thalés), puis rejoint l’Institut Eurécom en 1997, et le CNRS en 1998 au laboratoire I3S à Sophia Antipolis jusqu’en 2012. Il intègre l’équipe CICS à GIPSA-lab en septembre 2012. Lors de sa carrière à Nice-Sophia Antipolis, Pierre COMON a été responsable du Pôle SIS (Signal, Image et Systèmes, 100 personnes) du laboratoire I3S et directeur de l’Ecole doctorale STIC de l’université de Nice-Sophia Antipolis. Il a notamment reçu en 2006 l’Individual Technical Achievement Award de la société européenne Eurasip, et le prix Montpetit de l’Académie des sciences en 2005 ; il est Fellow de la société internationale IEEE depuis 2007 et il a été nommé Fellow de l’European Association for Signal Processing (EURASIP) en 2017.