Alessio Iovine, de l'automatique pour les énergies renouvelables
Alessio Iovine a rejoint le Laboratoire des Signaux et Systèmes (L2S - CNRS/CentraleSupélec/Université Paris-Saclay) en 2020 en tant que chargé de recherche CNRS.
Quel est votre domaine de recherche ?
Alessio Iovine : Je travaille dans le domaine de l’automatique aussi bien théorique qu’appliquée aux nouveaux réseaux électriques intelligents. L’automatique est la science cachée qui permet de commander tous les systèmes en mouvement, aussi dit systèmes dynamiques, et fait appel aux mathématiques pour les modéliser. Leur analyse et leur commande permettent de réaliser des tâches ou d’optimiser des critères.
Sur le volet applicatif spécifique des réseaux électriques, l’automatique est la clé pour permettre une meilleure utilisation des énergies renouvelables. Leur production irrégulière d’électricité doit être injectée avec beaucoup de soin dans le réseau général, qui risque sinon d’être déstabilisé et de s’effondrer. Afin d’assurer la stabilité du réseau, et donc éviter la possibilité d’avoir des blackouts, l’objectif principal de ma recherche est de garantir la balance constante entre la puissance produite et demandée sur des échelles de temps de minutes, heures ou jours. Néanmoins, je travaille sur la capacité d’intégrer des actions rapides (de l'ordre de millisecondes) pour le contrôle des convertisseurs électroniques, afin de garantir la stabilité en tension et fréquence du réseau.
J’ai aussi une ligne de recherche liée au développement des méthodes innovantes de contrôle et gestion du trafic routier, en utilisant les différents niveaux d’information que les véhicules ont pour réduire les possibilités d’incidents, de congestion et de pollution.
Qu’avez-vous fait avant d’entrer au CNRS ? Pourquoi avoir choisi le CNRS ?
A. I. : Pendant mes études en Italie et en Suède, j’ai suivi une formation générale en génie automatique aussi bien au niveau théorique que pratique. Après, pendant mon doctorat en collaboration entre l'Italie et la France, je me suis spécialisé dans l’automatique appliquée aux problématiques des réseaux électriques et véhicules autonomes. En effet, depuis le début de mon doctorat et en tant que chercheur post-doctoral à l'Université de l'Aquila (Italie), au Centre de Recherche Efficacity (France), à l'Université de Californie à Berkeley (États-Unis), et à CentraleSupélec (France), je me suis impliqué dans des projets très spécifiques, où j’ai continué à développer des techniques pour une utilisation plus efficace de l’énergie dans la ville, et pour une plus grande participation des énergies renouvelables dans le mix énergétique.
J’ai toujours rêvé de pouvoir travailler au CNRS, qui est une institution innovante de dimension internationale tant au niveau de la recherche fondamentale que de la recherche appliquée. Il a été donc naturel pour moi d’envisager le concours, et d'essayer de faire partie d’un organisme leader dans le monde de la science et technologie. Je crois que faire de la recherche qui me passionne au CNRS sera un grand privilège et une grande responsabilité.
Qu’est-ce qui vous a amené à faire de l’informatique et/ou des sciences du numérique ?
A. I. : La recherche en automatique est parfois éloignée de la pratique des industriels. Au contraire, je suis partisan des efforts pour les rapprocher. Aussi, je trouve que le domaine de l’énergie pose beaucoup des challenges, tant théoriques que pratiques, qui ont un fort intérêt et potentiellement un fort impact industriel. L’importance de cet impact dans la vie quotidienne de tout le monde m’a poussé à m’investir dans le développement des méthodes et techniques des sciences et technologies de l’information dédiées aux systèmes énergétiques. Je souhaite contribuer à la modification structurelle profonde qu’une transition énergétique efficace et rapide offre, en soutenant les potentiels avantages de cette innovation.