Médaille d’argent du CNRS : Véronique Cortier renforce la sécurité du vote électronique

Distinctions Informatique

De par son impact scientifique, industriel et sociétal, son investissement autour du vote électronique distingue particulièrement Véronique Cortier, chercheuse en informatique au Laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications (Loria - CNRS/Université de Lorraine/Inria). Ses travaux fondamentaux ont permis de définir les propriétés de sécurité indispensables pour un protocole de vote et de développer des méthodes formelles pour les vérifier. Ces travaux lui valent la médaille d’argent du CNRS.

Il n’y a pas que des pirates informatiques malveillants tapis dans l’ombre de nos transactions, il y a aussi des chercheurs passionnés par les mathématiques comme Véronique Cortier. Experte reconnue dans le domaine des méthodes formelles, la directrice de recherche au LORIA s’était pourtant juré qu’elle ne ferait jamais d’informatique. Un cours obligatoire à l’ENS plus tard, elle se laisse convaincre par la discipline et se complaît à développer des théories et des théorèmes en lien avec la sécurité.

La chercheuse développe dans un premier temps des programmes pour protéger des protocoles cryptographiques allant de la protection de paiements à l’authentification en ligne. L’omniprésence de ces protocoles rend leurs failles faciles à exploiter mais très difficiles à corriger. « Mon objectif était de mettre en place des algorithmes et des logiciels capables de détecter la moindre attaque de façon automatique ou de prouver qu’il n’y en avait pas », précise la chercheuse.

De fil en aiguille, la théoricienne s’oriente vers des travaux plus appliqués sur le vote électronique. « C’est toujours amusant de découvrir de nouveaux protocoles et d’essayer de les casser. J’ai été attirée par l’ampleur du défi et je me suis laissée prendre par l’application », témoigne Véronique Cortier. Elle approfondit le sujet au cours de son ERC Starting Grant Prosecure obtenue en 2010. La chercheuse conçoit désormais des protocoles complets de vote et des outils pour les vérifier. En ce sens, elle doit traduire des propriétés complexes - telles que la description du secret d’une voix - sous forme d’équations mathématiques.

En effet, le vote électronique s’appuie sur deux propriétés incontournables : le secret et la vérifiabilité. Autrement dit : un bon protocole doit permettre à un électeur de s’assurer que son vote a été compté, sans rien révéler sur son contenu. C’est ce que permet de faire le système Belenios - illustration parfaite du transfert de résultats fondamentaux vers une innovation qui répond à des enjeux de société. Ce protocole de vote, à l’état de l’art, a été conçu et mis en œuvre par Véronique Cortier, Pierrick Gaudry et Stéphane Glondu. Des élections de parents d’élèves à celles d’associations de scouts à l'étranger, en passant par des instances de l'Union européenne, le produit open source et gratuit a su tracer son chemin à travers les élections des sphères académiques, associatives et étatiques. Si bien qu’à ce jour, il a été utilisé par plus de 120 000 électeurs dans plus de 3 500 élections.

Belenios garantit donc la transparence d’un scrutin tout en assurant la confidentialité des votes. « Il nous sert de vitrine pour montrer aux industriels français qu’ils peuvent améliorer leurs protocoles sans forcément faire plus compliqué », soutient la chercheuse. Actuellement, le dispositif continue de se nourrir des besoins des utilisateurs en vue d’intégrer davantage de propriétés comme la « redevabilité ». Pour ce faire, le protocole doit non seulement détecter une attaque, mais aussi être capable de remonter à celui ou celle qui en est à l’origine.

Enfin, Véronique Cortier se distingue également par son fort engagement pour la diffusion des connaissances auprès des décideurs et du grand public. « Peut-être que la médaille d’argent donnera du crédit à notre démarche de pousser des recommandations plus exigeantes en matière de vote électronique pour qu’il y ait davantage de transparence et que les spécifications sur la description du logiciel soient publiques », espère la chercheuse. Des idées qu’elle diffuse également via des activités de vulgarisation sous la forme d'articles grand public ou de blogs, et désormais à travers son livre Le vote électronique, coécrit avec Pierrick Gaudry et publié en 2022 aux éditions Odile Jacob.

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Véronique Cortier
CNRS senior researcher, member of LORIA