Lucas Ondel Yang et la modélisation des langues parlées
Lucas Ondel Yang a rejoint le Laboratoire Interdisciplinaire des Sciences du Numérique (LISN - CNRS/Université Paris-Saclay) en 2022 en tant que chargé de recherche CNRS.
Quel est votre domaine de recherche ?
Lucas Ondel Yang : Je travaille sur la modélisation des langues parlées. J’utilise les techniques d’apprentissage automatique pour créer des modèles numériques qui représentent les phones (sons de la parole) d’une langue, comment ils se combinent et forment des syllabes, des mots, comment un continuum phonétique varie d’une personne à l’autre, d’un dialecte à l’autre, etc.
Ces modèles trouvent leurs applications dans l’étude et la documentation des langues, et dans la construction des technologies de la parole, telles que la reconnaissance de la parole ou l’identification du locuteur. En général, les applications linguistiques et celles pour le grand public s’enrichissent mutuellement : développer des systèmes de reconnaissance de la parole performants questionne notre compréhension de la langue même et à l’inverse, modéliser et comprendre des phénomènes linguistiques nous aide à créer des systèmes plus précis.
Qu’avez-vous fait avant d’entrer au CNRS ? Pourquoi avoir choisi le CNRS ?
L.O.Y. : Suite à mon doctorat, j’ai effectué un post-doc au LISN ainsi qu’un CDD en entreprise où je travaillais comme ingénieur/chercheur pour construire des systèmes de reconnaissance de la parole.
Les conditions de recherche au sein du CNRS ont été le facteur déterminant pour mon choix. Les carrières scientifiques, comme maître de conférence en France, étaient beaucoup moins attrayantes pour moi : la charge de travail liée à l’enseignement et les autres tâches administratives me semblait trop lourdes pour espérer porter mon projet de recherche correctement. C’est aussi un problème dans beaucoup d’universités à l’étranger, et à cet égard, le poste de chercheur CNRS était, à mes yeux, très attirant.
Un autre facteur qui a contribué à mon choix est le fait de travailler pour un institut public. Lors de mon travail en entreprise, malgré une expérience très agréable et enrichissante, j’ai éprouvé une certaine frustration à voir ma recherche devenir la propriété intellectuelle de l’entreprise. En travaillant au CNRS, je pense que mon travail, que je crois d’intérêt général, pourra mieux se diffuser au sein de la société.
Qu’est-ce qui vous a amené à faire de l’informatique et/ou des sciences du numérique ?
L.O.Y. : En terminale, je ne savais vraiment pas quel domaine choisir pour mes études. Les sciences du numérique intervenant dans quasiment tous les domaines de la société, j’ai décidé d’étudier l’informatique pour me laisser le plus de flexibilité.
Par ailleurs, ayant grandi dans les années 1990/2000, j’ai vécu enfant et adolescent l’essor spectaculaire de l’informatique et d’Internet. Mon choix de faire de l’informatique était une volonté de comprendre et de maîtriser mon environnement. Ne pas comprendre comment tout ce monde virtuel émergeant fonctionnait était presque effrayant !
Finalement, j’ai découvert la programmation par hasard au lycée en feuilletant mon manuel scolaire de mathématiques. Il y avait un programme pour les calculatrices « Texas Instruments » montrant comment calculer les racines d’un polynôme du second degré. Je l’ai étudié et reproduit sur ma calculatrice et j’ai tellement aimé ça que j’ai passé les mois suivants à créer des petits programmes. En découvrant la programmation, je découvrais l’immensité de ce qui était possible et c’était excitant pour l’ado que j’étais. Ce déclic a bien sûr été décisif dans mon choix de faire des études d’Informatique et je garde en plus un attachement tout particulier pour les calculatrices TI !