Patrick Le Callet : la vision par ordinateur au service de la médecine du futur

Que ce soit à travers ses fonctions d’entraîneur d’une équipe de basket, de musicien dans un groupe de rock ou chercheur au sein d’une équipe pluridisciplinaire, Patrick Le Callet apprécie les valeurs et l’importance du collectif. Depuis 25 ans, le professeur à Nantes Université, membre du LS2N, mène une recherche interdisciplinaire passionnée sur la modélisation de la vision humaine dans le traitement des images. « Un de mes thèmes dominants porte sur le développement de technologies frugales et efficientes grâce à une meilleure compréhension du système visuel humain et de ses limites », résume Patrick Le Callet. Sa spécialité : l’amélioration de la qualité d’expérience d’application ou de service dans les domaines de la vidéo et des réalités étendues (augmentée, virtuelle et mixte).

En 2021, il reçoit un Emmy Award1 pour une innovation ouverte, en lien avec Netflix, qui optimise la diffusion des contenus vidéo. « Cette consécration m’a invité à réaliser la valeur de mes travaux et la manière de les conduire. Mais elle a surtout nourri une réflexion profonde sur l’impact et l’intérêt général de mes recherches à un moment charnière de ma carrière. J’avais envie de me mettre au service de choses importantes, mais je manquais de temps », raconte le chercheur. Le temps, c’est justement ce que lui offre la chaire fondamentale de l’Institut universitaire de France qu’il vient d’obtenir. Son projet associe son équipe au service d’ophtalmologie du Centre hospitalier universitaire de Nantes autour d’une perspective de médecine du futur.

En effet, un frein majeur à l’adoption de biothérapies nouvelles pour la basse vision est le manque d’outils permettant de mesurer objectivement la vision fonctionnelle. C'est-à-dire, notre capacité à mobiliser la vue dans diverses activités de la vie courante (navigation, cuisine, etc.). Ces tests doivent démontrer qu’une thérapie - ou un programme de rééducation visuelle - améliore effectivement la qualité de vie des patients. « Dans mon projet, je fais l’hypothèse que la réalité virtuelle, de par sa capacité à reproduire des situations écologiques et de la possibilité qu’elle offre de capter des données attentionnelles et comportementales serait une solution prometteuse », décrit Patrick Le Callet.

L’originalité du projet reposera avant tout sur l’analyse des signaux de navigation et des interactions qui seront captées par ces dispositifs grâce à de nouvelles méthodes statistiques, de traitement de signal ou encore d’apprentissage machine développées par le chercheur et son équipe. Ces travaux serviront, in fine, au suivi longitudinal de maladies et de l’efficacité clinique de traitements pour le glaucome, la DMLA, etc. Les environnements de test seront, quant à eux, co-designés par les chercheurs avec des patients et des ophtalmologues.

• 1Décerné par l’Académie nationale américaine des arts et des sciences de la télévision.

Une des actions envisagées visera également à sensibiliser les aidants et l’entourage. L’idée est de les placer dans la peau des personnes déficientes visuelles toujours grâce à la réalité virtuelle. Cette démarche fait écho aux nombreuses actions de médiation scientifique d’un très actif Patrick Le Callet. Enfin, les avancées qui seront réalisées dans ce projet serviront aux autres recherches sur la frugalité des technologies menées par le chercheur.