Xavier Blanc : « Caractériser pour mieux suivre les tendances des applications sur internet »

Distinctions Informatique

Xavier Blanc est nommé à l’Institut Universitaire de France, en tant que membre junior au 1er octobre 2015. Ses travaux en génie logiciel se concentrent sur la caractérisation des tendances d’évolution des applications sur internet, domaine où l’on ne compte plus le temps en jours ou en minutes mais en nombre de versions.

Vos recherches sont centrées sur l’évolution logicielle. Pourquoi avoir choisi le sujet des applications sur internet ?

Parce que sur internet tout va très vite, c’est un exemple en accéléré de ce qui peut exister comme évolution ! En informatique, des logiciels, des applications sont développés, mais dès qu’ils sont utilisés, des anomalies sont découvertes et des améliorations doivent être apportées. Cette maintenance demande d’apporter des évolutions pour améliorer en permanence la qualité du logiciel. Avec internet, le problème est exacerbé : les applications n’ont pas d’autres choix que de suivre les tendances car sinon elles sont dépassées et ne sont plus utilisées. Or ces évolutions sont très rapides, cela pose des problèmes de réactivité. Les changements dans le logiciel ne peuvent pas être anticipés, comme c’était préconisé auparavant. Nous avions l’habitude de mettre en place des méthodes robustes au changement, mais avec l’emprise d’internet tout est bouleversé, il est nécessaire d’instaurer des méthodes dynamiques. Plutôt que de l’anticipation, il faut de la réaction. Dans le même temps, toutes les tendances ne sont pas bonnes à suivre, car cela coûte très cher de toujours être à la mode, réaliser des évolutions de son logiciel en permanence est un gouffre financier. Le tout est une question de timing : à un moment donné il est trop tôt, le jeu n’en vaut pas la chandelle ; mais à un autre moment il peut être trop tard, rattraper le retard coûterait trop cher ! Notre objectif est donc de caractériser les évolutions pour savoir quand il s’agit de « vraies » tendances, pour réduire les coûts de maintenance.

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Analyse d’un projet durant le temps avec en vert les actions d’évolution qui suivent la tendance et en orange celles qui ne la suivent pas

Mais comment interroger des applications pour quantifier leurs évolutions ?

Un peu comme des collègues en sciences humaines et sociales interrogeraient des adolescents pour déterminer les dernières modes du moment ! Il faut trouver comment poser des questions sans créer de biais, s’intéresser à la syntaxe des applications. Nous recherchons des modèles d’observation des tendances. Pour cela, nous mettons en place un échantillonnage d’applications internet qui ont déjà évoluées, et nous réalisons le différentiel entre différentes versions de leurs codes sources pour quantifier des changements. Si le même phénomène se reproduit plusieurs fois, cela traduit une tendance. Mais comme il y a beaucoup d’applications internet, nous exploitons des méthodes statistiques pour étendre nos résultats. Notre principal objectif est de savoir comment caractériser les tendances, d’exploiter les technologies de mesures de l’évolution logicielle que nous instaurons. Par exemple, nous observons qu’en ce moment, il y a une tendance de fond pour mettre de plus en plus d’intelligence dans les navigateurs. Tout ce qui est traitement des données se déporte massivement sur le client qui s’exécute sur le poste de l’utilisateur, qu’il s’agisse d’un ordinateur ou d’un smartphone. 
Une difficulté de notre domaine est de réussir à traduire la notion de temps. Des technologies vont évoluer rapidement en quelques mois, donc nous essayons de caractériser cette notion de temps en niveaux d’impact que demanderait le changement de l’application. Concrètement cela permet d’estimer combien cela coûterait à une entreprise d’attendre pour mettre à niveau son application, pour qu’elle puisse agir au bon moment. L’originalité dans notre approche est que la réaction se fait en observant les tendances des applications internet en temps réel.

Contact

Xavier Blanc
Professeur à l'Université de Bordeaux, membre du LABRI