Bruno Escoffier : l’impact de données dynamiques dans la performance des algorithmes

Distinctions Informatique

Bruno Escoffier est Professeur au sein de Sorbonne Université, membre du LIP6 (CNRS / Sorbonne Université). Au laboratoire, il étudie plus spécialement les algorithmes, ces codes à l’interface entre l’informatique et les mathématiques qui décrivent, résolvent et facilitent de nombreuses tâches dans notre quotidien.

Comment définissez-vous votre métier de chercheur en algorithmique ?

Bruno Escoffier : Je travaille en informatique dans le domaine de l’algorithmique, mon sujet de recherche est de concevoir et d’analyser des algorithmes afin de résoudre des problèmes combinatoires. Par exemple, le GPS est un objet du quotidien qui, à partir de données sur le réseau routier, permet de déterminer rapidement le meilleur trajet pour aller d'un point A à un point B en prenant en compte de nombreux critères (temps, prix, trafic routier, etc.). Pour répondre de manière rapide et efficace, le système doit résoudre un problème d’optimisation combinatoire pour trouver l’itinéraire idéal.

« Avant de se lancer dans un code informatique, il faut savoir comment résoudre le problème posé : cela nécessite une analyse du problème et de ses propriétés mathématiques. »

La première étape consiste généralement à modéliser le problème, par exemple en utilisant des graphes dans le problème précédent. Il faut ensuite analyser le problème pour en déduire certaines propriétés, qui seront exploitées dans la conception d’un algorithme de résolution.

Si pour certains problèmes nous connaissons des algorithmes de résolution efficaces, d’autres sont intrinsèquement plus difficiles à résoudre. La théorie de la complexité algorithmique fournit des éléments de réponse, et les recherches dans ce domaine existent depuis 40 ans. Le cadre général de mon travail s’y inscrit, en essayant de concevoir des algorithmes aussi efficaces que possibles, et calculant des solutions aussi bonnes que possibles.

Quels sont les défis scientifiques dans votre domaine ? Comment procédez-vous pour les résoudre ?

B. E. : Dans le domaine de l’algorithmique, les défis sont nombreux aussi bien au niveau scientifique que sociétal. Pour ma part, j’oriente actuellement mes recherches vers la prise en compte de données dynamiques dans les problèmes d’optimisation combinatoire. Effectivement, le constat réalisé aujourd’hui est que les données évoluent, tout comme le monde qui nous entoure. Dans l’exemple du GPS précédemment mentionné, les temps de parcours des routes évoluent constamment. Dans le secteur de la production, les demandes des clients évoluent et mutent au fil du temps. Il est alors nécessaire que la solution proposée s’adapte à ces évolutions.

« La considération de l’évolution des données induit de nouvelles contraintes et de nouveaux objectifs, autrement dit de nouveaux problèmes d’optimisation. »

Je cherche à modéliser ces nouveaux objectifs, pour pouvoir exprimer les problèmes formellement, puis à savoir dans quelle mesure il est possible de les résoudre efficacement. Il peut s’agit d’adapter des algorithmes préexistants, ou d’en concevoir de nouveaux.

Quels sont vos projets de recherche à venir au cours de votre nomination à l’IUF ?

B. E. : Comme indiqué précédemment, je m’intéresse à la prise en compte d’aspects liés à l’évolution temporelle des données dans la résolution de problèmes d’optimisation. D'un point de vue académique, je souhaite initier pendant la réalisation de ce projet IUF des liens avec d’autres centres de recherches pour développer cette thématique et la faire émerger. Par ailleurs, si mon approche est essentiellement théorique, j’espère aussi avoir le temps d’aller plus loin dans l’aspect applicatif, pour avoir l’occasion de mettre à l’épreuve ces modèles. Si certains secteurs, tels que la production d'énergie, semblent naturellement proches des thématiques que je souhaite développer, il peut en exister d'autres plus inattendues, comme le domaine de la musique, où une collaboration avec l’IRCAM sur des problématiques d'orchestration musicale est envisagée.

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Bruno Escoffier
Professeur à Sorbonne Université, membre du LIP6