Stella Bitchebe récompensée pour ses travaux sur la virtualisation des serveurs
Actuellement doctorante au Laboratoire Informatique, Signaux et Systèmes de Sophia Antipolis (I3S - CNRS/Université Côte d'Azur) près de Nice, Stella Bitchebe veut rendre plus efficace l’exécution de plusieurs tâches en simultané sur un même serveur. L’idée étant de réduire leur nombre et leur utilisation dans les data centers, notoirement gourmands en énergie. Ces efforts lui ont valu de recevoir le prix Jeune talent France L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science.
La profusion de données rendue possible par la prolifération de nombreux dispositifs (mobiles), de capture et de stockage et également des composants logiciels qui exploitent ces données a entraîné une explosion des besoins en infrastructures dédiées comme les serveurs de calcul et les data centers. Stella Bitchebe compte parmi les jeunes scientifiques bien décidés à contrôler l’empreinte environnementale de ces infrastructures si gourmandes en énergie et si difficiles à refroidir. Originaire du Cameroun, elle a commencé ses études supérieures à l’Institut sous-régional de statistique et d’économie appliquée (ISSEA, Yaoundé), avant d’obtenir en 2018 son diplôme d’ingénieure à l’École nationale supérieure polytechnique de Yaoundé (ENSPY). Son stage de fin d’études s’est déroulé à l’Institut de recherche en informatique de Toulouse (IRIT - CNRS/Université Toulouse 3 Paul Sabatier/INP Toulouse). Une expérience qui l’a motivée à s’orienter vers la recherche et qui a abouti à son entrée en doctorat à l'I3S, sous la direction d’Alain Tchana.
« Ma thèse porte sur le développement de matériel pour les data centers, en particulier leurs processeurs, pour les accompagner vers la transition énergétique et améliorer leur bilan carbone, » explique Stella Bitchebe. « Je m’intéresse à la virtualisation du hardware, une technologie qui permet ici à un processeur d’exécuter simultanément plusieurs systèmes d’exploitation. Cela réduit le nombre de machines “physiques” nécessaires dans les data centers, et diminue donc leur impact environnemental. » Stella Bitchebe mène actuellement des travaux au Laboratoire de l’informatique du parallélisme (LIP - CNRS/ENS de Lyon/Université Claude Bernard Lyon 1), pour explorer ces questions.
« Je suis tombée amoureuse de l’informatique à l’ISSEA, grâce à un enseignant qui donnait de si bons cours que j’ai voulu aller plus loin dans ma formation, se souvient Stella Bitchebe. J’ai alors rejoint Polytechnique à Yaoundé, qui est la meilleure école du Cameroun dans le domaine. Mon stage à Toulouse a confirmé mon intérêt et m’a énormément plu. »
Actuellement en troisième année de thèse, Stella Bitchebe est loin d’en avoir fini avec la recherche. Elle compte bien enchaîner avec un postdoctorat à l’étranger, en particulier aux États-Unis pour découvrir comment les scientifiques y travaillent, avant de revenir en France. Elle ne sait pas encore si elle souhaite, à terme, s’orienter vers la recherche publique ou celle en entreprise. Pas question en tout cas de s’arrêter là, d’autant qu’elle a été confortée dans ses choix par l’obtention du prix Jeune talent France L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science.
« Je suis très fière que mon travail et mon parcours soient reconnus, se réjouit Stella Bitchebe, ravie de remporter une récompense aussi distinguée, puisqu’elle fait partie des 35 lauréates sur 750 candidatures. C’est une superbe vitrine pour défendre l’idée qu’il faut amener beaucoup plus de femmes vers le domaine de la recherche. Elles ne doivent plus se fermer de portes en se disant que c’est seulement pour les hommes. Je veux dire aux jeunes femmes de franchir le cap et d’essayer, quitte à commencer par des stages si elles sont trop intimidées par les préjugés. »