Florent Leclercq, à l’interface entre l’intelligence artificielle et la cosmologie
Florent Leclercq a rejoint l'Institut d'astrophysique de Paris (IAP - CNRS/Sorbonne Université) en 2021 en tant que chargé de recherche CNRS.
Quel est votre domaine de recherche ?
Florent Leclercq : Mon domaine est à l’interface entre l’intelligence artificielle et la cosmologie, la branche de l’astrophysique qui vise à décrire l’Univers entier comme un système physique et à étudier son origine, sa structure, sa composition, et son évolution.
L’objectif général de mes activités de recherche est de maximiser le potentiel scientifique de grands jeux de données cosmologiques, en développant et en leur appliquant des techniques innovantes et dédiées de science de l’information et de science des données. Plus précisément, j’utilise des méthodes d’inférence statistique, de machine learning, et de calcul haute performance pour examiner la validité de théories de physique fondamentale à la lumière des observations.
Qu’avez-vous fait avant d’entrer au CNRS ? Pourquoi avoir choisi le CNRS ?
F. L. : J’ai d’abord intégré l’École polytechnique, où j’ai suivi le « cycle ingénieur polytechnicien », parcours pluridisciplinaire, puis un master en Physique des hautes énergies, durant lequel j’ai décidé de me spécialiser en cosmologie. Mes premiers contacts avec la science des données ont eu lieu lors de ma thèse de doctorat, au cours de laquelle j’ai développé une méthode statistique nouvelle pour l’analyse des catalogues de galaxies (l’algorithme BORG). Cette approche, qui était risquée à l’époque, fait maintenant référence dans le domaine. J’ai ensuite passé mes années postdoctorales au Royaume-Uni : deux ans à l’Université de Portsmouth, puis quatre ans à l’Imperial College de Londres. Durant ces années, j’ai contribué à la création et à la montée en puissance du Consortium Aquila, une collaboration internationale de chercheurs adoptant les dernières innovations en intelligence artificielle pour extraire de manière optimale l’information physique de grands jeux de données astronomiques. L’animation de cette collaboration reste au cœur de mon travail.
Aujourd’hui, mon statut de chargé de recherche CNRS me permet de développer mes idées dans le meilleur cadre possible en France. Un aspect particulièrement important à mes yeux est l’interdisciplinarité : mon poste est à l’interface entre l'Institut national des sciences de l’Univers (INSU) et l'Institut national des sciences de l'information et de leurs interactions (INS2I). Travailler au CNRS me permet à la fois de côtoyer des cosmologistes au jour le jour dans mon laboratoire, et d’être intégré à la communauté de recherche en sciences de l’information via l’INS2I.
Qu’est-ce qui vous a amené à faire des sciences de l'information ?
F. L. : Contrairement à ma fascination pour les sciences de l’Univers, que j’ai développée dès le collège, mon intérêt pour les sciences de l’information est né de manière plus tardive et fortuite. C’est lors de ma thèse, en me confrontant à des problèmes concrets d’analyse de données, que j’ai commencé à m’intéresser à l’aspect méthodologique de mon domaine. Je me suis rendu compte que les confrontations les plus instructives entre théorie et données nécessitent l’application, mais aussi le développement, de techniques de pointe en informatique et en statistiques, aussi bien dans les modèles numériques utilisés que dans les algorithmes d’analyse de données. Cet aspect a pris une importance croissante dans ma recherche au fil des années. Aujourd’hui, je fais miens les propos attribués à Robert Louis Stevenson : « L’important, ce n’est pas la destination, c’est le voyage. »