Ken Déguernel et l'informatique musicale

Quel est votre domaine de recherche ?

Ken Déguernel : Je suis chercheur en informatique musicale. Je m’intéresse aux interactions possibles entre machine et humain, notamment sur les thématiques autour de l’intelligence artificielle. J’approche ces interactions à la fois sur le plan technique en créant de nouveaux outils co-créatifs pouvant être utilisés par des musiciens et intégrés sur une scène vivante, et également sur le plan éthique et ethnographique en évaluant l’impact de ces outils sur les différentes cultures et philosophies musicales.

Qu’avez-vous fait avant d’entrer au CNRS ? Pourquoi avoir choisi le CNRS ?

K.D. : J’ai commencé par un double diplôme d’ingénieur en mathématiques appliquées et master de recherche en informatique théorique, que j’ai complété par un autre master de recherche en acoustique, traitement du signal et informatique appliqué à la musique.
Ensuite, j’ai effectué ma thèse autour de la co-improvisation humain-machine en co-supervision entre le centre Inria Nancy - Grand Est et l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique (Ircam) à Paris. À la suite de ça, j’ai effectué plusieurs post-docs à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), à l’Université de Lille, et au KTH (Stockholm, Suède), où j’ai pu explorer plus en profondeur d’autres thématiques connexes à mes recherches comme la musicologie empirique, la cognition musicale, et l’ethnomusicologie. J’ai choisi le CNRS pour la liberté que cette institution nous laisse dans le choix des thématiques et la conduite de nos recherches. Il existe peu d'institutions de recherche qui permettent d'étudier les thématiques qui correspondent à mes intérêts, avec une dimension très interdisciplinaire.

Qu’est-ce qui vous a amené à faire de l’informatique et/ou des sciences du numérique ?

K.D. :  Depuis mon enfance, j'utilise beaucoup les ordinateurs, mais la découverte de l’informatique en tant que discipline est arrivée assez tard dans mon parcours. J’étais passionné de mathématiques et de musique, mais je ne savais pas si je voulais suivre une formation scientifique ou musicale. L’idée de combiner les deux est venue plus tard, notamment lorsque j'ai découvert l’Ircam. J’ai donc fait des études en école d’ingénieur et le conservatoire de musique en même temps. C’est progressivement, en découvrant ce qui m’intéressait vraiment dans les maths, que j’ai réalisé que l’informatique théorique comportait tous les ingrédients que j’aimais, et que c’était applicable à la musique.