Pierre Ohlmann, entre théorie des automates et théorie des graphes
Pierre Ohlmann a rejoint en 2023 le Laboratoire d'informatique et systèmes (LIS - CNRS/Aix-Marseille Université) en tant que chargé de recherche CNRS.
Quel est votre domaine de recherche ?
Pierre Ohlmann : Je travaille à l’intersection de la théorie des automates (en logique et informatique théorique) et de la théorie des graphes (en combinatoire). J’étudie la définition des notions de décompositions de structures, qui permettent de mettre en place des solutions algorithmiques pour des larges classes de problèmes. La logique donne un langage dans lequel on peut énoncer des problèmes, par exemple dans la logique du premier ordre, on peut énoncer la phrase « le graphe contient un triangle », et on considère donc le problème associé : étant donné un graphe, décider s’il contient un triangle. Je m’intéresse donc à déterminer sur quelles classes de graphe peut-on calculer des décompositions (qui sont généralement arborescentes) qui permettent de résoudre les problèmes énoncés dans la logique du premier ordre. D’importants développements en théorie des automates depuis les années 1960 jusqu’au début des années 2000 nous ont appris que de telles décompositions peuvent être obtenues pour des graphes dont la structure ressemble à celle d’un arbre (largeur d’arbre bornée). Dans ma recherche, je cherche à étendre ce résultat à des classes de graphes beaucoup plus générales, étudiées en théorie des modèles.
Qu’avez-vous fait avant d’entrer au CNRS ? Pourquoi avoir choisi le CNRS ?
P.O. : J’ai effectué mes études supérieures à l’Ecole normale supérieure (ENS) de Lyon, et mon doctorat à l'Institut de recherche en informatique fondamentale (IRIF - CNRS/Université Paris Cité) à Paris. Pendant ma thèse, j’ai travaillé sur des sujets assez variés (au sein de la théorie des automates), avant de me focaliser sur les jeux à durée infinie joués sur des graphes. Pour mon postdoctorat, j’ai intégré pour deux ans une équipe qui travaille sur les décompositions de graphes et la logique du premier ordre, à Varsovie. J’ai choisi le CNRS pour poursuivre ma recherche dans un environnement idéal et avec une très grande liberté.
Qu’est-ce que qui vous a amené à faire des sciences informatiques ?
P.O. : Quand j’étais enfant, j’aimais passer du temps sur l’ordinateur, mais je m’en suis un peu désintéressé à l’adolescence. Par contre, j’ai toujours aimé les mathématiques. J’ai redécouvert l’informatique en classe préparatoire, avec une approche déjà plus théorique que orientée programmation. C’est à ce moment là que j’ai commencé à comprendre que j'avais des affinités naturelles et des facilités en informatique théorique. Plus tard, à l’ENS, je me suis naturellement orienté vers les cours avec des composantes fondamentales, logiques et structurelles.