Aida Todri-Sanial : « Une opportunité exceptionnelle d’être entendue par les gouvernements français et britanniques »
Aida Todri-Sanial a été sélectionnée en 2018 pour faire partie du programme Young Leaders du Conseil Franco-Britannique. Ce groupe de réflexion, ouvert à des représentants de l’ensemble de la société, vise à renforcer la coopération entre les deux pays. Au moment où s’ouvrent les candidatures pour la promotion 2019, retour sur son expérience.
« Nous sommes entendus, nous voyons que nous pouvons avoir un impact. » Aida Todri-Sanial, chargée de recherche CNRS au Laboratoire d’Informatique, de Robotique et de Microélectronique de Montpellier (LIRMM - CNRS/Université de Montpellier), ne cache pas son enthousiasme d’avoir rejoint à l’été 2018 le programme Young Leaders du Conseil Franco-Britannique. La mission de cet organisme est de promouvoir le dialogue entre la France et le Royaume-Uni pour une coopération future renforcée. Créé en 1972, au moment de l’adhésion du Royaume-Uni à la Communauté Européenne et dans un contexte de mondialisation grandissante, le Conseil Franco-Britannique s’est consacré depuis à la promotion d’une meilleure compréhension entre les deux pays et au développement d’actions communes, en rassemblant des personnalités des secteurs culturel, politique, économique, de la défense, de l’éducation et de la communauté scientifique.
Cette diversité des profils, c’est un des points majeurs soulignés par Aida Todri-Sanial dans son programme Young Leaders : « La richesse de la diversité des profils permet de constituer une promotion exceptionnelle. Nous sommes très actifs, connectés, nous échangeons tous les jours. » Ils sont désormais 57 Young Leaders (25 issus de la promotion 2018 et 32 issus de la promotion 2017), avec une ambition commune : rassembler leurs forces pour façonner l’avenir des relations franco-britanniques. Sur la promotion 2018, Aida Todri-Sanial fait partie des trois représentantes du domaine scientifique.
Elle y apporte son expertise en nanoélectronique, domaine scientifique en évolution rapide avec des appareils électroniques désormais omniprésents dans nos vies. L’Internet of Things (IoT) a changé notre façon de travailler, de se divertir et de communiquer. La récente découverte du graphène a révolutionné la nanoélectronique et trouve des applications dans des domaines tels que la biomédecine, l’automobile, l’énergie, l’agriculture… Mais ces évolutions demandent également prise de recul et réflexion. « Les 20 prochaines années dans la nanoélectronique seront décisives pour les choix que nous ferons pour protéger les ressources de notre planète, précise la chercheuse. Mais au-delà, nos réflexions ne portent pas tant sur la science que sur l’impact de la science sur notre société. Nous souhaitons rassembler des personnes autour de ces problématiques importantes, des experts clés qui discutent de ces challenges. De nombreux débats sociaux et scientifiques commencent déjà à avoir lieu, tels que le rôle de l’intelligence artificielle. En tant que scientifique et citoyen, il est de ma responsabilité d’être proactive dans de telles discussions. » Participer au Conseil franco-britannique permet ainsi à la chercheuse de faire partie d’une communauté plus large et plus diverse pour évaluer et réfléchir la relation entre la technologie, l’économie et la géopolitique.
Mais pourquoi avoir choisi cette structure pour s’investir dans cette réflexion ? « Au cours de l’année universitaire 2016-2017, j’étais chercheuse invitée au Cambridge Graphene Center de l’Université de Cambridge, au Royaume-Uni, indique Aida Todri-Sanial. Je travaillais avec d’autres scientifiques sur les applications de la nanoélectronique et de la biodétection à base de graphène. Cette expérience a joué un rôle clé pour moi dans la réflexion sur comment exploiter les résultats de recherche scientifiques dans la fabrication industrielle. Sensibiliser le public au développement des nanomatériaux et de la nanoélectronique, qui jouent un rôle important dans notre industrie, notre économie et notre consommation d’énergie, m’a paru alors essentiel. »
Sa sélection au sein du programme Franco-British Young Leaders lui permet ainsi de s’investir pleinement dans des échanges constructifs entre les deux pays. « Renforcer les relations entre la France et le Royaume-Uni est d’autant plus important maintenant, dans un contexte de Brexit, souligne la chercheuse. Je crois qu’il existe de nombreuses opportunités réelles de réorganiser les relations franco-britanniques en projets de collaboration significatifs, alors que les deux pays font face à des défis similaires liés aux changements rapides de la technologie. » Lors de la rencontre de la promotion 2018 en juin, les participants ont pu rencontrer Emmanuel Macron à l’Élysée. « Il nous a indiqué avoir fait le même programme avec les États-Unis en 2012, glisse la chercheuse. Cela lui avait beaucoup apporté. » Le groupe des Young Leaders est régulièrement sollicité par les gouvernements des deux pays, notamment à travers des journées de réflexion. « Nous allons avoir la possibilité d’avoir un réel impact sur les deux gouvernements, s’enthousiasme Aida Todri-Sanial. Nous avons un rôle important à jouer. Pour les collègues scientifiques, candidater à la promotion 2019 est une réelle opportunité. Si des chercheurs souhaitent me contacter pour avoir un retour d’expérience, qu’ils n’hésitent pas. »