Caroline Chaux : mobilité internationale au CNRS en période de pandémie
Caroline Chaux est chargée de recherche CNRS à l’Institut de Mathématiques de Marseille (I2M – CNRS/Aix-Marseille Université/École Centrale de Marseille). En raison de la pandémie de Covid-19, sa mobilité à l’International Research Laboratory Image and Pervasive Access Lab (IPAL - Institut Mines-Telecom/I2R A*STAR/Université Grenoble-Alpes/Université nationale de Singapour), initialement prévue pour le 1er septembre 2020, a été reportée deux fois. Dans ce témoignage, elle raconte son projet de recherche à Singapour et les péripéties des multiples reports.
Recrutée en 2007, j’ai effectué mes recherches pendant cinq ans au Laboratoire d'Informatique Gaspard-Monge (LIGM - CNRS/Université Gustave Eiffel). Depuis 2012, j’ai rejoint l’I2M.
Cette mobilité m’a permis d’établir de nouvelles collaborations et de travailler sur de nouveaux sujets : la séparation de source (et plus généralement la factorisation en matrices non-négatives) et les transformées temps-fréquence. J’ai également pu m’ouvrir à l'apprentissage machine, grâce à une collaboration avec Valentin Emiya, maître de conférences à Aix-Marseille Université et membre du Laboratoire d'Informatique et Systèmes (LIS - CNRS/Aix-Marseille Université).
Le virage n’a pas été à 180 degrés mais cette mobilité en France m’a permis de consolider mon domaine d’expertise, de mettre à profit mon savoir, d’étudier de nouveaux problèmes et de m’ouvrir à de nouveaux domaines.
Ces dernières années, j’ai beaucoup œuvré pour la communauté du traitement du signal et des images – via le colloque francophone de traitement du signal et des images GRETSI et le GDR ISIS (Information, Image, Signal, Vision) entre autres – et je me suis occupée de mes deux enfants. Aujourd’hui, j’ai besoin d’un nouveau souffle pour redonner une impulsion à mes travaux de recherche. Mon mari cherche lui aussi à se renouveler et nos enfants ont grandi.
J’ai donc décidé de demander une mobilité à Singapour. Elle s’est associée à la soumission du projet DesCartes dans le cadre de CNRS@CREATE, première filiale du CNRS à l’étranger, basée à Singapour. Tout s’est enchaîné très rapidement, et la rédaction de ce projet a été cette impulsion que je recherchais. J’ai commencé des collaborations avec des collègues singapouriens avant même d’être partie !
DesCartes a débuté au 1er octobre 2021, et durera cinq ans. Nous sommes déjà dans la phase de recrutement, et de premiers échanges concrets devraient suivre sans tarder afin de lancer le programme. Je vais travailler en collaboration avec Singapour à l'élaboration de nouvelles approches basées sur l’optimisation pour la résolution de problèmes inverses dans le contexte des villes intelligentes. La construction de ce projet a, de fait, créé des liens avec Singapour : avec, notamment, le directeur de l'IRL IPAL et des chercheurs de la National University of Singapore (NUS) et de l’Agency for Science, Technology and Research (A*STAR).
Malheureusement, en pleine crise de Covid-19, il est difficile de voyager. Ma mobilité a été repoussée deux fois. Même si, à chaque fois, mon mari, mes enfants et moi étions mieux préparés, c’était très stressant, surtout lorsque l’on prévoit de partir à quatre en famille : la charge importante des formalités administratives, qui sont chronophages, s’ajoute à l’incertitude liée au Covid-19. Ce que l’on a appris, c’est que tout est imprévisible et que rien n’est acquis !
Je crois que cette mobilité se fera de manière inattendue (et de manière sous optimale, un comble pour quelqu’un qui travaille en optimisation !) mais ma famille et moi sommes sûrs que tout cela va converger ! On continue d’avancer ici, tout en essayant d’avancer à distance avec notre point de destination. Même si nous ne sommes pas encore partis, beaucoup de choses ont déjà changé, en mieux !