Détecter les crises d’épilepsie à l’aide de l’automatique
Selon l’Organisation mondiale de la santé, entre 0,5 % et 5 % de la population mondiale souffre d’épilepsie. Cette affection neurologique se manifeste sous des formes variées comme des pertes de conscience, des contractions musculaires involontaires voire des hallucinations. Les traitements pharmacologiques sont inefficaces pour de nombreux malades, la seule alternative étant éventuellement une lourde intervention chirurgicale.
Aujourd’hui, beaucoup de malades sont privés d’activités du quotidien et pouvoir les prévenir de l’occurrence d’une crise d’épilepsie améliorerait grandement leur qualité de vie. Dans ce contexte, les chercheurs en automatique ont imaginé un dispositif capable de détecter voire de prédire l’émergence d’une crise.
Romain Postoyan et ses collègues cherchent pour cela à exploiter les mesures disponibles, comme les électro-encéphalogrammes (EEG), et des modèles mathématiques, qui décrivent les dynamiques des régions cérébrales mises en jeu. Les modèles en question présentent l’inconvénient d’être fortement incertains : les populations de neurones varient d’une région à l’autre et d’un patient à l’autre, et leur comportement est généralement difficile à mettre en équations.
Malgré ces difficultés, les chercheurs ont réussi à identifier les paramètres clés responsables du passage d’un état normal à un état de crise et ils ont proposé un algorithme pour estimer les valeurs de ces paramètres en temps réel. Plus précisément, ils n’estiment pas la valeur exacte de ces paramètres mais leur écart avec des valeurs critiques correspondant à l’apparition d’une crise. Dans une première étude théorique, ils ont ainsi proposé un estimateur capable, à terme, de renseigner les médecins en temps réel sur l’émergence d’une crise.
Ces recherches sont menées au Centre de Recherche en Automatique de Nancy (CRAN - CNRS/Université de Lorraine) par Romain Postoyan, chercheur CNRS, et Ying Tang (post-doctorante), en collaboration avec Alessio Franci de l’Université nationale autonome du Mexique et des chercheurs de l’université de Melbourne (Australie).
Extrait du dossier de presse L’ère de l’automatique, à l’occasion d’IFAC 2017
Voir aussi :