Katharina Boudgoust et la cryptographie à base de réseaux
Katharina Boudgoust a rejoint en 2023 le Laboratoire d'informatique, de robotique et de microélectronique de Montpellier (LIRMM - CNRS/Université de Montpellier) en tant que chargée de recherche CNRS.
Quel est votre domaine de recherche ?
Katharina Boudgoust : Mes recherches portent sur la cryptographie. Il s'agit de la science permettant de transmettre des informations en toute sécurité, par exemple en envoyant des messages cryptés par l'intermédiaire de votre messagerie préférée ou en vous connectant en toute sécurité à votre compte bancaire en ligne. Je me concentre plus précisemment sur la cryptographie à base de réseaux : il s'agit d'un sous-domaine dans lequel la sécurité d'un schéma cryptographique est liée à un problème mathématique sur les réseaux euclidiens. Ce domaine a suscité beaucoup d'intérêt au cours des 15 dernières années pour deux raisons. Premièrement, il permet d'utiliser des outils cryptographiques puissants (comme le chiffrement entièrement homomorphe) que nous ne savons pas obtenir à partir d'autres problèmes mathématiques. Deuxièmement, les constructions cryptographiques obtenues semblent être sûres même en présence d'ordinateurs quantiques.
Qu’avez-vous fait avant d’entrer au CNRS ? Pourquoi avoir choisi le CNRS ?
K.B. : Je suis originaire d'Allemagne, où j'ai effectué mes études. Je suis rentrée pour la première fois dans un laboratoire du CNRS lors de ma thèse à l'Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires (IRISA - CNRS/Université de Rennes) à Rennes. Par la suite, j'ai réalisé un postdoctorat de 2 ans à l'Université d'Aarhus au Danemark. Les raisons qui m'ont incitée à rejoindre le CNRS à Montpellier sont multiples. Tout d'abord, les conditions de travail privilégiées au sein du CNRS qui me permettent de me concentrer au maximum sur la recherche tout en me garantissant la sécurité de l'emploi. L'équipe ECO à Montpellier m’a également donné le sentiment que l'environnement de travail serait agréable et accueillant, et je disposais déjà d'un bon réseau professionnel en France grâce à mon doctorat et à la communauté bien établie de la cryptographie en France. Enfin, je savais que j'apprécierais de vivre à Montpellier, une ville proche de la mer et des montagnes, avec une population jeune et engagée, offrant un mélange vibrant de cultures.
Qu’est-ce que qui vous a amené à faire des sciences informatiques ?
K.B. : J'ai étudié les mathématiques générales, sans but ni orientation précis. J'aimais simplement la théorie des nombres et l'algèbre. Heureusement, j'ai été soutenue par mon entourage qui m'a dit qu'il était toujours utile d'étudier les mathématiques, même si l'on finit par travailler dans un autre domaine plus tard. En Allemagne, les mathématiciennes et mathématiciens jouissent d'une excellente réputation dans la société. Lors d'un stage entre licence et master, j'ai visité un magnifique musée des mathématiques à Gießen et j'ai découvert un livre d'Albrecht Beutelspacher sur la cryptographie. C'était le déclic et à partir de là, j'ai concentré mes intérêts sur ce sujet magnifique et pertinent pour le monde réel, qui allie sciences informatiques et mathématiques. Pendant mon master, j'ai suivi tous les cours de cryptographie disponibles et j'ai cherché un doctorat dans ce domaine. De nombreuses coïncidences m'ont finalement amenée à Rennes, Aarhus et maintenant Montpellier.