La cryptographie quantique et la chirurgie des yeux au palmarès i-Lab

Distinctions Innovation

Toujours très convoités dans le monde de l’innovation, dix grands prix i-Lab sont remis chaque année par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation et par Bpifrance. Deux projets issus des laboratoires de l’INS2I ont été récompensés : CryptoNext Security et sa cryptographie adaptée à l’ordinateur quantique, ainsi qu’AcuSurgical et son aide à la chirurgie de la rétine.

L’ordinateur quantique et sa puissance inouïe font rêver, un progrès qui se matérialise enfin alors que les premiers modèles fonctionnels apparaissent. Ces machines vont poser, voire posent déjà, un certain nombre de problèmes de cybersécurité pour les ordinateurs classiques. « Les signatures numériques, les paiements par carte bancaire et les connexions sécurisées sont protégés par un système de cryptographie dit à clé publique, explique Jean-Charles Faugère, directeur de recherche Inria au LIP6 (CNRS/Sorbonne Université). Or celui-ci repose sur des principes mathématiques qui ne sont pas assez complexes pour résister à un ordinateur quantique. »

Un constat qui a poussé à la formation de CryptoNext Security en 2019, une start-up issue du LIP6 qui s’occupe de trouver des systèmes de cybersécurité adaptés aux ordinateurs quantiques, avant que ceux-ci ne se démocratisent. Sans cela, les pays qui misent le plus sur l’ordinateur quantique, comme les États-Unis et la Chine, auraient un énorme avantage stratégique sur ceux moins en avance sur la question.

Nous proposons une bibliothèque de cryptographie résistante, qui évoluera en avance des standards de sécurité adaptés aux ordinateurs quantiques.
Ludovic Perret, maître de conférences à Sorbonne Université, membre du LIP6 et CEO de CryptoNext Security

Le fait de travailler à ces questions en amont du développement des ordinateurs quantiques est en effet le seul moyen pour ne pas se retrouver au pied du mur.

CryptoNext Security propose en particulier NextHSM. Véritables coffres-forts numériques pour stocker les clés de chiffrement, les HSM, pour hardware security module ou boîte noire transactionnelle, sont utilisés dans tous les systèmes avancés de cybersécurité.

NextHSM emploie des principes mathématiques suffisamment complexes pour résister à la force de frappe d’un ordinateur quantique, et vise principalement des applications dans les domaines de la finance et de la défense. CryptoNext Security va élargir ses services à d’autres secteurs de la cybersécurité, comme la protection des messageries, et compte déjà Thalès parmi ses clients.

De son côté, AcuSurgical a été porté par des chercheurs du Laboratoire d’informatique, de robotique et de microélectronique de Montpellier (LIRMM - CNRS/Université de Montpellier), une structure qui bénéficie d’un quart de siècle d’expérience dans la conception de robots chirurgicaux. Fondé au mois de juillet, AcuSurgical est centré sur un système d’assistance pour les opérations de la rétine, afin de les rendre plus sûres et plus accessibles.

La chirurgie de la rétine est particulièrement complexe, elle nécessite des gestes d’une extrême précision, il faut retirer une membrane sans toucher la rétine en elle-même, au risque d’impacter aussitôt l’acuité visuelle du patient.
Yassine Haddab, professeur à l’Université de Montpellier et membre du LIRMM

Avec AcuSurgical, le chirurgien exécute ses mouvements sur une console haptique qui permet au robot de les reproduire en temps réel, tout en atténuant le tremblement naturel des mains et en contraignant les espaces de travail, c’est-à-dire empêcher les outils d’aller dans les zones dangereuses de l’œil. Un système alliant microscopes, caméras et tomographie offre une vision extrêmement précise de l’opération. « Nous ne voulons pas modifier les gestes du chirurgien, mais les accompagner », souligne Philippe Poignet, directeur du LIRMM. Le robot emploie d’ailleurs seulement les outils standards des médecins, afin que ceux-ci n’aient pas à changer leurs habitudes et leurs pratiques.

Compte tenu des contraintes d’un bloc opératoire, le robot a été conçu pour être facilement stérilisable. Si la plateforme n’a pas encore été testée sur des humains, toutes ses pièces fonctionnent et l’équipe comprend deux chirurgiens, Phillipe Gain et Gilles Thuret, chargés de suivre ce projet dont Christoph Spuhler est le CEO. Les essais cliniques devraient commencer l’année prochaine.

Les 6 autres lauréats i-Lab

Contact

Ludovic Perret
CEO NextHSM
Yassine Haddab
Professeur à l'Université de Montpellier, membre du LIRMM
Philippe Poignet
Professeur à l'Université de Montpellier, membre du LIRMM