Laure Blanc-Féraud : repousser les frontières de l’imagerie
Dans l’observation de phénomènes physiques, en l’occurrence dans le domaine biomédical, les imageurs ne sont pas toujours utilisés à leur plein potentiel. Laure Blanc-Féraud, directrice de recherche CNRS au laboratoire Informatique, Signaux et Systèmes de Sophia-Antipolis (I3S - CNRS/Université Côte d'Azur), est spécialisée dans la conception d’algorithmes qui optimisent l’acquisition et l’analyse des images afin d’en exploiter toute leur richesse. Elle a reçu cette année la médaille d’argent du CNRS.
Des satellites aux microscopes, elle n’a pas peur des changements d’échelle. Laure Blanc-Féraud, directrice de recherche CNRS à l’I3S, nourrit ses algorithmes aussi bien avec les mathématiques que des modèles physiques, afin d’obtenir des images scientifiques et biomédicales d’une qualité qui permette de les analyser finement.
« Je m’intéresse à la capture de phénomènes qui ne sont pas directement observables, et qu’il faut reconstruire le plus fidèlement possible, explique Laure Blanc-Féraud. Il s’agit par exemple d’étudier l’intérieur du corps humain, d’une cellule ou d’un matériau à partir de signaux mesurés en surface. »
Ces images sont ensuite analysées afin de distinguer des structures et des marqueurs, qui permettront aussi bien de constater l’avancée d’une immunothérapie sur du tissu tumoral que de reconnaître les cultures dans les champs sur une image satellite. Laure Blanc-Féraud connaît bien ces problématiques, puisqu’elle a commencé sa carrière sur l’observation de la Terre par satellite, avant de se focaliser sur l’imagerie biomédicale.
« L’imagerie optique est confrontée à la limite de diffraction de la lumière, ce qui fait par exemple qu’un microscope de fluorescence ne peut pas descendre en l’état à une résolution inférieure à 200 nm, précise Laure Blanc-Féraud. Avec Sébastien Schaub, biophysicien1 spécialiste des appareils de microscopie, nous optimisons conjointement les protocoles d’acquisition et les algorithmes de reconstruction associés afin de repousser ces limites. Je me suis pour cela inspirée, avec Gilles Aubert2 , de la physique en introduisant de nouveaux modèles prenant en compte les différentes composantes d’une image, telles que les textures, contours et singularités. »
Laure Blanc-Féraud a depuis fait école. Un résultat impressionnant quand on sait qu’au moment de ses études, la discipline n’en était qu’à ses balbutiements à l’université. C’est peut-être pourquoi elle s’est autant investie dans la formation, en encadrant un grand nombre de thèses.
« J’ai toujours travaillé avec deux ou trois doctorants à la fois, car je pense que le métier de chercheur intègre la transmission et la formation des scientifiques de demain, souligne Laure Blanc-Féraud. Les collaborations sont de plus essentielles dans un domaine à la charnière entre les mathématiques appliquées, l’algorithmique, la biologie et la physique. »
Laure Blanc-Féraud s’est de même beaucoup impliquée dans sa communauté en participant à différents comités d’animation et de gestion de la recherche. Elle a notamment dirigé pendant sept ans le Groupement de recherche du CNRS Information, signal, image et vision (GDR ISIS). Le cumul de ses contributions scientifiques et de son investissement dans l’écosystème de la recherche lui vaut aujourd’hui de recevoir la médaille d’argent du CNRS.