Sébastien Konieczny : "Réunir la communauté IA par l’animation transversale de ce préGDR"
Créé en novembre 2015, le préGDR portant sur les aspects formels et algorithmiques de l’Intelligence Artificielle (IA) se met en place. Retour avec le porteur du projet, Sébastien Konieczny, sur la genèse, les débuts et les objectifs de cette action incitative d’animation de la recherche.
À quels besoins répond le préGDR IA ?
Sébastien Konieczny : Le domaine de l’intelligence artificielle connaît beaucoup d’animations au niveau francophone, mais elles sont organisées en sous-domaines, ce qui est assez spécifique. Nous sommes structurés en sous-communautés : modélisation du raisonnement, modélisation de l’incertitude, apprentissage, résolution de contraintes, planification, systèmes multi-agents… Il existe des conférences françaises dans chacun de ces sous-domaines, mais il y a trop peu de réunions transversales où les chercheurs peuvent échanger et mener des collaborations, alors même que les applications en IA nécessitent souvent de mettre en œuvre plusieurs techniques complémentaires. AlphaGo dont on a beaucoup entendu parler ce début d’année croise par exemple la recherche heuristique, avec des arbres de Monte-Carlo et l’apprentissage profond (deep-learning). Il y a donc besoin d’apports différents pour créer des applications innovantes. Un des objectifs du préGDR IA est de réunir cette communauté très large, d’y apporter une animation transversale et d’organiser les interfaces entre les sous-domaines. Par exemple, les doctorants sont spécialisés dans un domaine particulier mais le préGDR doit leur permettre de s’ouvrir à d’autres grandes techniques d’IA issues de domaines connexes.
Qu’est-ce qui vous intéressait dans la coordination de ce préGDR ?
S. K. : J’ai été élevé dans les GDR ! En thèse, j’ai d’abord participé aux rencontres du GDR IA, puis I3. J’y ai présenté mes travaux, j’ai pu échanger avec de futurs collègues. Je trouvais cela extrêmement utile d’un point de vue formation, par le développement des connaissances, mais aussi au niveau de l’intégration, pour permettre de connaître sa communauté. Par la suite, pendant 6 ans, j’ai été responsable du thème « Intelligence artificielle fondamentale » dans le GDR I3. Je m’occupais de l’animation de la communauté et de l’organisation des journées nationales de cette thématique. J’ai constaté que les chercheurs étaient heureux de participer à ce type de rencontres, de pouvoir échanger dans ces journées-là. Aujourd’hui, je suis directeur de recherche au CRIL, où je travaille sur la représentation des connaissances et la modélisation des raisonnements, et plus particulièrement sur la résolution de conflits logiques.
Quelles sont les premières étapes de la mise en place de ce préGDR ?
S. K. : Nous avons mis en place un site www.gdr-radia.cnrs.fr/ qui recense déjà 300 inscrits dans l’annuaire. Nous avons réalisé une première journée de discussion le 3 mai pour échanger avec la communauté sur les besoins et les formes d’animation souhaitées. Nos journées nationales vont se tenir les 13 et 14 juin à Montpellier. C’est le moment où le préGDR va vraiment commencer à fonctionner : nous allons lancer des premiers groupes de travail mais les participants qui se rencontreront pourront en proposer d’autres.
Par la suite, nous prévoyons des groupes de travail transversaux entre les sous-thématiques et des groupes de travail inter-GDRs. Nous avons aussi un projet d’école d’été pour les jeunes chercheurs en 2017. Mais nous comptons également organiser des journées tournées vers des thématiques sociétales, car l’intelligence artificielle va jouer un rôle central dans de nombreux domaines : jeux, véhicules autonomes, robots, mécanisation des tâches… Il est important que la communauté scientifique prenne position sur ces thématiques et s’exprime auprès d’un public large, car beaucoup de craintes liées à l’intelligence artificielle reposent sur des fantasmes.