Spooqs : une retouche automatisée des vidéos et des images
Née de travaux menés au laboratoire Grenoble Image, Parole, Signal, Automatique (GIPSA-lab - CNRS/Université Grenoble Alpes), la start-up Spooqs commercialise un logiciel qui détoure automatiquement les éléments d’une vidéo, comme un visage ou un animal, afin d’y appliquer des effets visuels. Cette approche permet d’obtenir rapidement des résultats qui demanderaient sinon de savoir utiliser des solutions professionnelles.
Les filtres se sont imposés sur tous les réseaux sociaux et leurs applis. S’ils permettent de modifier en un clic photos et vidéos, ces outils les retouchent de manière uniforme. Pour aller plus loin et transformer différents éléments d’une image, il faut passer par des logiciels professionnels d’effets visuels. Ces derniers sont extrêmement puissants, mais les exploiter correctement demande un apprentissage qui décourage beaucoup d’utilisateurs. La start-up Spooqs commercialise un logiciel, du même nom, qui propose un juste milieu.
« Nous offrons une alternative capable de sélectionner et suivre automatiquement les éléments d’une vidéo, comme un visage ou un objet, pour leur appliquer une combinaison d’effets visuels, avance Pascal Bertolino, enseignant-chercheur à l’Université Grenoble Alpes, membre du GIPSA-lab et CEO de Spooqs. Spooqs s’adresse à un public curieux et intéressé par l’édition vidéo, mais qui n’ira pas jusqu’à acheter et apprendre à utiliser des logiciels pour professionnels. »
Spooqs propose un éventail de soixante-dix effets visuels créatifs, dont des exemples sont présentés sur la chaîne YouTube de la start-up. Le logiciel se distingue surtout par les facilités qu’il offre à détourer et sélectionner des éléments complexes en mouvement. Si cette opération reste simple sur des formes géométriques basiques, elle se complique rapidement dès que l’on sort de ce cadre. Ces difficultés sont amplifiées par la quantité importante d’images à traiter : les vidéos se présentent en effet généralement au format trente images par seconde, soit 1800 images par minute.
Disposant d’une licence exclusive accordée par l’Université Grenoble Alpes, Spooqs repose sur quatre algorithmes principaux issus de travaux menés au GIPSA-lab sur la segmentation d’images : un domaine qui vise à séparer précisément les éléments d’une scène. Ces études ont d’abord été utilisées dans l’édition de vidéos cliquables, où l’internaute peut sélectionner des zones spécifiques pour enclencher une nouvelle vidéo ou obtenir des informations. Les algorithmes ainsi développés étaient capables de détourer automatiquement des éléments et d’y appliquer des effets, par exemple pour surligner une zone cliquable quand la souris passe dessus. Détourer ces éléments est également utile pour aider à annoter les différents objets présents et ainsi s’en servir lors de l’entraînement d’intelligences articifielles en apprentissage supervisé.
Après une phase de maturation et d’incubation dans la SATT1 Linksium, la start-up est officiellement inaugurée en juillet 2021. Spooqs, le logiciel, est quant à lui sorti en janvier 2022 et est à présent décliné en huit langues. Il est disponible sur abonnement, mais aussi avec une version gratuite téléchargeable qui laisse, en contrepartie, un filigrane lors de l’exportation des vidéos et des photos. Des licences complètes sont cependant offertes pour les étudiants et les chercheurs.
En 2022, Spooqs a été labélisée « start-up innovante » par l’institut interdisciplinaire en intelligence artificielle MIAI Grenoble Alpes et a obtenu une bourse French Tech Émergence de la BPI. Cet apport de 90 000 euros a permis l’embauche d’un ingénieur et l’ouverture d’un poste pour un second.
« Dans les prochains mois, nous allons offrir davantage d’outils d’IA pour la segmentation des scènes et, surtout, intégrer des modèles génératifs d’images », poursuit Pascal Bertolino. Ces algorithmes très en vue, comme ceux de Midjourney ou de Stable Diffusion, peuvent être utilisés afin de remplacer un objet par un autre ou de combler un vide lorsqu’un élément a été effacé. Spooqs compte également mener une levée de fond avant la fin 2023, et cherche des partenaires pour se développer à l’international.
- 1Sociétés d’accélération du transfert de technologies.